Lors des audiences du congrès « Libra », nom d’une monnaie numérique « stable » introduit par Facebook, l’idée d’un dollar numérique a fait son apparition aux États-Unis.
Tandis qu’en France, Bruno Le Maire (ministre des Finances) a estimé que seuls les États et les Banques centrales devaient en émettre, selon Jérôme Powell (président de la Réserve fédérale des États-Unis) « Ce sont 80 % des Banques centrales du monde qui étudient l’émission d’une monnaie sous forme numérique. Les opportunités et risques (…) diffèrent selon les pays », et « il revient à chaque pays de prendre sa décision sur le sujet ». Selon lui, une telle décision demande du temps et « il est plus important pour les États-Unis de le faire correctement que d’être le premier ».
C’est un point de vue que ne partagent pas tous les sénateurs. En effet, lors de ce congrès, le sénateur Tom Cotton (R-Ark.) aurait déclaré : « Les États-Unis ont besoin d’un dollar numérique… Le dollar américain doit continuer à gagner cette place dans le système de paiement mondial. Il doit être meilleur que le bitcoin… Meilleur qu’un yuan numérique ».
L’intérêt du dollar ou de l’euro numérique
Selon Jérôme Powell, la « Libra » de Facebook a mis en lumière le besoin d’améliorer les paiements internationaux et a plutôt réussi à attirer l’attention sur les questions de paiements, parmi lesquelles la protection du consommateur, la cybersécurité et la confidentialité ».
Par exemple, Nakita Cuttino, professeur adjoint de droit invité à l’Université Duke, a discuté des frictions dans le cycle actuel des jours de paie et de la demande croissante d’applications de paiement anticipé coûteuses qui pourraient être résolues avec des devises numériques.
L’ancien président de la CFTC, Chris Giancarlo et chef du Digital Dollar Project, a souligné les avantages « sociaux et nationaux » tels que l’augmentation de la vitesse, la réduction des coûts et les problèmes d’inclusion financière. Il a souligné l’importance de savoir s’adapter.
Un autre argument avancé par les autorités de plusieurs pays est que face à des transactions dématérialisées, en plus de la simplicité et la rapidité, la question de l’argent occulte ou sale s’en trouverait résolue. Ce serait un moyen de lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Les craintes face à la monnaie numérique
Les ministres des Finances des pays industrialisés du G7 se sont dits « préoccupés » par le nombre croissant d’attaques virales informatiques impliquant souvent des cryptomonnaies, en pleine pandémie de Covid-19.
Peut-on être sûr de la solidité de la Blockchain ? C’est sur elle que reposent la sécurité et la fluidité des transactions.
Elle suscite aussi des questions de fond au niveau non pas du Système dans sa globalité, mais dans la vie de chaque citoyen : comment nos dépenses resteront-elles de l’ordre du privé ? Quelle garantie avons-nous ? Comment le crédit sera-t-il supervisé ? Qui pourra prêter à qui ? Qui remboursera, à quel prix et sous quel délai ? Aurons-nous encore le contrôle sur le paiement des échéances ? Que se passera-t-il si nous ne sommes pas en mesure de les honorer à un moment donné ?
Des questions qui sont légitimes et méritent notre attention.
L’utilisation d’une cryptomonnaie publique comme unique moyen de paiement au niveau public semble discutable. Elle devrait se poser plutôt en alternative, être utilisée comme complément aux monnaies physiques et numériques déjà existantes. Et d’ailleurs la plupart des pays qui étudient cette possibilité semblent l’envisager dans ce sens.
La mise en place d’une telle monnaie va prendre du temps et c’est tant mieux, car il s’agit d’un grand pas en avant qui mérite réflexion. Des dérives sont toujours possibles même si elles n’ont pas encore été clairement identifiées.
En revanche sur un plan individuel et donc privé, investir en cryptomonnaie peut présenter beaucoup d’avantages, c’est un bon moyen de générer des revenus passifs à condition de comprendre son fonctionnement.